Réciter le chapelet

15.02.2025 / Robert Caracache

Mon lien avec le Rosaire et la piété mariale.

Mon lien avec le rosaire et la piété mariale remonte à ma prime adolescence, entre 12 et 15 ans. A l’époque j’étais demi- pensionnaire dans une école privée, l’Institution Saint-Paul, en banlieue de Beyrouth. Dans un coin de la cour il y avait un bout de jardin avec une grotte dédiée à la Vierge Marie, ornée d’une statue de Notre-Dame de Lourdes. Durant la pause de midi, après le déjeuner, je passais le reste du temps devant la grotte, chapelet en main. J’ouvrais alors mon cœur à Marie, et lui parlais comme à une personne vivante en face de moi.

A la maison, de même, les samedis, j’avais en main un petit ouvrage de dévotion dédié à la Vierge de Pompéi sur la pratique des « Quinze samedis du très Saint Rosaire ». Je garde précieusement, jusqu’à présent, l’édition de cet ouvrage, très jauni et bien usé, publié en1894.

Hélas, vers mes 15 ans, petit à petit, avec la crise de l’adolescence, l’éveil de la sexualité, les attraits et la séduction du monde, mes visites à la grotte se firent de plus en plus rares et courtes. J’eux le mauvais pressentiment que la lune de miel entre moi et Marie allait se terminer. Je me rappelle encore, comme si c’était hier, qu’à ma dernière visite à la grotte, à genoux et les larmes aux yeux, je dis à la Vierge : « Voilà c’est peut-être ma dernière visite, mais promets-moi que si moi je t’oublie, Toi ne m’oublieras pas ». Et il en fut ainsi. Le petit bout de jeune homme que j’étais partit à la découverte du monde…

Les années passèrent…Cependant, quel que soit l’endroit où j’allais et quoique je fasse, j’avais au fond de moi la nostalgie des moments passés devant la grotte, moments qui étaient, incomparablement, les plus précieux et les plus heureux de ma vie, comme une sorte de paradis perdu que j’avais placé au congélateur.

Cependant la Vierge a tenu sa promesse, elle ne m’a pas oublié. Certes, moi, j’avais le dos tourné, et comme un oiseau échappé de sa cage, je prenais mes aises. Mais il y avait cependant, comme noué à mon pied, un fil très fin que la Vierge, pleine de patience, de douceur et d’amour maternel, savait tenir discrètement mais très fermement dans sa main. Et contrairement à la chèvre de Monsieur Seguin, elle n’a pas laissé le loup me dévorer. Louée soit-Elle, Reine et Sultane du Ciel, qui sait comment écraser la tête du serpent, pour protéger ses enfants…tout cela sans que je m’en rende compte.

Puis les années passèrent, avec des hauts et de bas, et tout y passa : Zen, Bouddhisme, Hatha-yoga, ésotérisme…que sais-je encore… Mais rien n’étanchait ma soif intérieure. Désillusionné, j’en était arrivé à la conclusion que, comme dit le livre de l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, tout est vanité » (1 : 2-4). Résonnait également en moi la réponse de St. Vincent de Paul à l’alchimiste qui voulait le convertir à l’Islam, après l’avoir acheté comme esclave en Algérie : « Je respecte ta religion mais moi j’ai l’or pur et tu veux que je l’échange contre un autre métal moins précieux, comme le cuivre ou l’argent » ….

Et me voilà réalisant que je possédais l’or pur ! Comme l’enfant prodigue, je revins à mon premier amour comme l’exhorte le livre de l’Apocalypse (2 :4-5), m’exclamant aussi avec l’Apôtre Pierre « Où irions-nous Seigneur tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 5 : 60-69).

Aujourd’hui, je n’ai plus besoin d’aller à une grotte dédiée à Marie. Par l’œuvre de l’Esprit-Saint la grotte est en moi dans le sanctuaire intérieur. Quotidiennement, avant de me coucher, je prends mon temps de prière, chapelet en main, sur fond de chants grégoriens diffusés par mon téléphone portable. Avant de me mettre au lit, je m’assure qu’il y au moins trois chapelets sous l’oreiller, à côté du Crucifix de Saint Benedict. De sorte que si, par hasard, le chapelet que je tiens m’échappe pendant que je me tourne et me retourne dans mon sommeil, je n’ai pas à me réveiller complètement pour allumer la lumière et chercher dans quel coin du lit il a disparu ou émigré. Il me suffit dans ce cas de glisser ma main sous l’oreiller pour tirer un second chapelet, mon arme absolue contre l’empire des ténèbres.

Et je prends bien soin en priant le « Je vous salue Marie », de mettre l’accent sur le dernier paragraphe « …priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort », avec l’assurance que Celle qui a su me protéger durant mon séjour terrestre saura aussi m’accompagner durant mon dernier voyage vers Elle et son Fils.

Un grand merci à Marie.


Robert Caracache


Beyrouth le 15 février 2025

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